Les Bullois pourraient avoir le dernier mot concernant le crédit de construction de 19,845 millions de francs pour la rénovation et l’agrandissement du Musée gruérien et de la bibliothèque de la ville. Validé par le Conseil général en début de semaine, l’investissement inquiète le groupe UDC qui a décidé de lancer un référendum financier. La décision du législatif ayant été publiée vendredi dans la Feuille officielle, le groupe UDC dispose de 30 jours pour récolter les 1747 signatures nécessaires à son aboutissement.

«Le timing est assez serré avec les vacances de Noël», admet Yvan Roeske. «Mais avec un déficit de 6,5 millions de francs au budget 2024, la commune doit rester raisonnable sur les gros investissements, comme le musée ou le stade», ajoute le conseiller général UDC qui estime que «l’acceptation du crédit du musée a certainement eu un impact sur la décision pour le stade». Pour rappel, un crédit d’étude pour la rénovation du stade de Bouleyres figurait également au menu du Conseil général lundi soir. Il a été renvoyé, la majorité du législatif jugeant que le projet final, estimé à plus de 30 millions de francs, aurait été trop onéreux considérant l’état actuel des finances de la ville. «Nous ne sommes pas contre la culture ou le sport et ce n’est pas une remise en cause de la nécessité de ces objets, mais l’endettement est déjà élevé. Il faut revenir à des budgets plus mesurés, car les indicateurs financiers ne sont malheureusement plus au vert», ajoute Yvan Roeske.

Plan financier en rouge

Dans ce contexte, les élus UDC estiment qu’il est important que les citoyens puissent décider par eux-mêmes. «Cette décision dépasse la responsabilité du Conseil général au vu des incidences qu’elle pourrait avoir sur les impôts et la fiscalité de notre ville. Il est important que les Bullois puissent s’exprimer, c’est une question de principe», note Yvan Roeske. Il est vrai que le plan financier 2024-2028, comme le budget pour le prochain exercice, est largement teinté de rouge. Toutefois, Nicolas Wyssmüller ne partage pas l’analyse de l’UDC concernant les incidences de cet investissement sur la fiscalité et juge qu’il n’y a pas lieu de remettre en cause l’agrandissement du musée et de la bibliothèque. Des crédits ayant déjà été avalisés par le législatif, «le projet a déjà été validé et un signal important a été donné», précise-t-il. Par ailleurs, une augmentation des impôts n’est pas à l’ordre du jour, quand bien même l’édile a présenté les coefficients qui permettraient d’équilibrer les comptes de résultats: pour 2024, une hausse de plus de 7 points serait nécessaire. «Ces chiffres sont là pour montrer les faits, explique-t-il. Les besoins de la commune sont importants, mais il faudra se limiter à ce qu’on peut se payer.»
Faut-il s’attendre à ce que le groupe UDC active à nouveau le levier du référendum lors de prochains investissements importants? Pas forcément, répond Yvan Roeske. «A l’avenir, nous allons toujours être attentifs et faire tout notre possible pour que les crédits demandés soient en adéquation avec les finances de la ville», détaille-t-il.

«La commune doit rester raisonnable»
Yvan Roeske, Conseiller général UDC
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Directeur du Musée gruérien, Serge Rossier a pris acte de la décision de l’UDC de recourir au référendum. Tout comme Kirthana Wickramasingam. «C’est un droit démocratique», rappelle la conseillère communale. «Nous devons attendre que le processus suive son cours et voir si le référendum aboutit. Mais si c’est le cas, l’organisation d’une votation populaire aura un effet sur le calendrier du projet. Et il est certain qu’un report aura une incidence financière, qu’on ne peut pas évaluer à ce stade», ajoute l’édile. Mis à l’enquête en octobre dernier, l’agrandissement du Musée gruérien et de la bibliothèque de Bulle prévoit notamment une extension de 870 m2 au rez-de-chaussée du bâtiment, datant de 1978. Le début des travaux est pour l’instant agendé à 2024. A noter que la mise à l’enquête avait suscité une opposition, qui est «en cours de traitement», indique encore Kirthana Wickramasingam.