La Liberté

Lucien Favre, la pression, le travail

Décrié au cours de l’automne, l’entraîneur vaudois a su redresser la barre avec Borussia Dortmund

Sven Schoch

Publié le 21.01.2020

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Football » Sous le feu de la critique durant toute la première phase du championnat, Lucien Favre revient sur le contexte dans lequel il baigne à Dortmund. L’entraîneur vaudois en profite pour complimenter sa nouvelle pépite Erling Haaland, auteur d’un triplé qui a permis à Borussia Dortmund de s’imposer 5-3 samedi contre Augsbourg alors qu’il était mené 3-1.

La reprise de Borussia Dortmund n’est pas passée inaperçue, notamment grâce à Erling Haaland et son triplé…

Lucien Favre: Chapeau! Il a insufflé un élan à l’équipe. Le déroulement de la rencontre a été fou et cette victoire acquise en fin de match est fantastique. Haaland, de par sa présence, a été impressionnant. Il donne à notre secteur offensif la profondeur qui manquait jusque-là.

Vous sortez d’un camp de préparation en Espagne durant lequel vous avez sans doute cherché à peaufiner le dispositif tactique, non?

Il y avait beaucoup à faire pour le staff et moi-même. Ce type de camp rapproche les membres de l’équipe et l’échange au quotidien est précieux. J’aime cela, j’aime ressentir les vibrations sur le terrain lorsque nous travaillons.

Et vous aimez probablement soigner tous les détails tactiques?

Le temps est une denrée précieuse. Durant la saison, Dortmund joue souvent plusieurs fois par semaine. Je m’aperçois que les plages de travail propices aux réglages précis se réduisent de plus en plus. Nous devons toutefois faire en sorte de nous ménager ces 30 minutes supplémentaires.

Aviez-vous déjà occupé un poste soumis à autant de pression qu’à Dortmund?

Ce n’est pas ainsi que j’aborde la chose. Bien sûr, nous parlons de Dortmund et la pression y est forte. Mais avec Nice, nous jouions l’Europa League en plus de la Ligue 1. Avec Mönchengladbach, c’était parfois la Ligue des champions. Ici, c’est vrai, les choses prennent d’importantes proportions, dans les médias et auprès du public. Ce qui n’est pas étonnant au regard des quelque onze millions de fans que compte Borussia Dortmund en Allemagne.

Dortmund est encore engagé dans trois compétitions. Vous réjouissez-vous des mois à venir?

Nous sommes encore en course partout. Mais il nous manque quelques points en championnat, par notre faute. Nous devons faire mieux durant ce deuxième tour que durant le premier. Nous avons offert trop de points aux adversaires.

Qu’est-ce qui résonne encore aujourd’hui? La défaite contre Hoffenheim juste avant la trêve hivernale ou alors votre bonne campagne en Ligue des champions?

Je voudrais que l’on n’oublie pas une chose: nous nous sommes qualifiés pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions dans un groupe où figuraient le Barça et l’Inter Milan. Et aussi le Slavia Prague, que personne ne prend en considération. Mais nous sommes les seuls à avoir battu le Slavia à la maison, l’Inter a fait 1-1 en Italie et Barcelone 0-0 en Espagne. Ces points nous ont conféré un avantage qui nous a ouvert les portes du tour suivant.

Alors que l’Inter, deuxième de Serie A, est sorti…

Malgré Antonio Conte, lequel a démontré sa classe d’entraîneur partout où il est passé. Mais nous avons réussi à terminer devant l’Inter. Je crois cependant que cela nous a coûté beaucoup d’énergie.

Place désormais, en février, à un double duel contre le PSG.

Paris est depuis plusieurs années une des meilleures équipes d’Europe, avec des joueurs de classe mondiale comme Mbappé, Neymar, Di Maria, Thiago Silva. Nous aurions néanmoins aussi pu tomber sur Manchester City, Liverpool ou la Juventus. Cela dit, j’ai bien d’autres choses en tête en ce moment que le PSG. Je garde évidemment un œil sur les matches des Parisiens, mais ma priorité va pour l’heure à la Bundesliga.

Où puisez-vous l’inspiration? Sur la chaîne du Borussia, vous avez évoqué Rafael Nadal et Roger Federer…

J’ai mentionné Federer et Nadal, car j’aime leur philosophie, qui consiste à travailler dur sur soi et à se réjouir du prochain entraînement. Bien qu’ils soient des sportifs individuels, leur méthode est instructive. Nadal, par exemple, aime souffrir. A ce niveau, ça paie! Si tu n’es pas prêt à te battre contre toi-même, tu ne peux avoir aucun succès.

Vous-même aimez ce travail permanent et cette recherche perpétuelle d’informations, on se trompe?

J’essaie d’obtenir le meilleur de moi-même. Dans le sport comme dans le monde de l’économie, cette quête permanente de la progression vaut de l’or. On peut apprendre deux ou trois nouvelles choses chaque jour ou chaque semaine. ATS

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