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Lausanne veut un plafond salarial

Sacha Weibel, directeur général du club vaudois, aimerait changer les mentalités dans le hockey suisse

Sacha Weibel: «Toutes les théories économiques prouvent que quand tu fais baisser la demande, l’offre suit la même logique.» © Keystone-archives
Sacha Weibel: «Toutes les théories économiques prouvent que quand tu fais baisser la demande, l’offre suit la même logique.» © Keystone-archives
Publié le 14.09.2018

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Hockey sur glace » Lausanne se bat depuis longtemps avec Genève pour faire changer les mentalités dans le hockey suisse. A l’heure où la question d’un plafond salarial et de l’augmentation du nombre d’étrangers refait surface, le club vaudois a tenu à rappeler ce combat permanent.

Si quelqu’un décidait de mettre sur pied un championnat de Mannequin Challenge, la Ligue suisse de hockey sur glace gagnerait haut la main. Car rester immobile fait presque partie de ses gènes. Mais la Ligue est dirigée par les clubs. Alors pourquoi ces derniers élèvent-ils le statu quo au rang d’art? «Parce qu’il y a la relégation, soupire le directeur général du LHC, Sacha Weibel. Les clubs les plus susceptibles de descendre ne veulent pas prendre de risques. Comme on ne peut pas créer de salary cap dans une ligue ouverte et que la relégation fait partie de la culture en Suisse, il faut trouver d’autres solutions pour faire baisser les prix. La possibilité de faire jouer six étrangers serait un bon pas en avant.»

Mesure intéressante

Cet argument ne trouve pas grâce aux yeux de tous. Pour le directeur général de Fribourg-Gottéron Raphaël Berger, l’effet économique n’est pas garanti. «Les clubs les plus riches prendront les meilleurs étrangers et ceux qui coûtent le plus cher», affirme-t-il. Sacha Weibel contre: «Toutes les théories économiques prouvent que quand tu fais baisser la demande, l’offre suit la même logique. Si on amène davantage de concurrence pour la même place de travail, ça doit faire baisser les salaires. Même ceux des meilleurs joueurs.»

En plus de cette formule de six importés au lieu de quatre sur la glace, Sacha Weibel estime que 18 joueurs de champ sur la feuille de match comme en NHL serait là aussi une mesure intéressante. Actuellement, les clubs peuvent inscrire vingt noms. «En prenant les douze clubs de l’élite, ça fait 240 joueurs si l’on part sur 20 joueurs sans les deux gardiens, étaie-t-il. En faisant passer le nombre d’étrangers de 4 à 6, on aurait 72 places pour les étrangers au lieu de 48. Cela ferait 168 postes pour les joueurs suisses sur la feuille de match.» Mais alors, l’équipe nationale serait-elle affaiblie? «Ce n’est pas recevable. L’équipe nationale est composée des 25 meilleurs joueurs du championnat, pas des 160. Et il ne faut pas oublier les joueurs en Amérique du Nord qui sont tous les jours en concurrence pour gagner ou conserver leur place. En Suisse, ça doit être la même chose.»

Des minutes de glace

Quant au couplet sur les jeunes privés de glace, là aussi le dirigeant vaudois le balaie: «Combien de jeunes jouent des minutes de qualité en National League aujourd’hui dans le top 8? Cela doit être des talents comme Roman Josi. Christoph Bertschy jouait à 18 ans à Berne. Cela existe, bien sûr, mais ces gens vont avoir de la place de toute façon. Cela ne change rien à l’entraînement pour les jeunes. Ceux qui n’ont pas le potentiel pour avoir des minutes en National League peuvent aller en Swiss League ou en MySports League», explique-t-il.

«Comme il n’y a pas d’étrangers (en MSL, ndlr), les bons joueurs ont des minutes de glace et des responsabilités en affrontant des hommes. Il faut arrêter de traiter la National League comme une ligue de formation et se rendre compte que c’est l’une des meilleures du monde. Ce n’est pas son rôle. Mais c’est le rôle des organisations de National League de trouver un moyen de développer des jeunes joueurs.» Raphaël Berger insiste d’ailleurs sur ce point: «Le modèle NHL fonctionne parce qu’il y a les universités américaines et les ligues juniors canadiennes qui alimentent le réservoir de joueurs. En Suisse, c’est au club de s’inquiéter de la formation des juniors et ça change complètement la donne.»

Le pire exemple

Le LHC milite également pour l’instauration d’une fenêtre de transferts, là encore comme en NHL avec le marché des agents libres qui ouvre chaque année le 1er juillet. Ou comme le mercato en football. Cela, Raphaël Berger n’y croit pas: «Le football c’est le pire exemple. O.K. il y a une fenêtre de transferts, mais les joueurs signent des pactes pour cinq ans par exemple et après six mois ils ont envie d’aller voir ailleurs. En hockey on respecte les contrats signés.»

Et si certains redoutent des accords passés avant la date, Sacha Weibel prône la fermeté: «Le club s’engage à ne pas contacter les joueurs hors de la période définie. Si ce contrat est rompu, on met une amende très salée au club en question et à l’agent. Et le directeur sportif qui a choisi de faire ça est viré, et par exemple privé de travail dans le hockey pour cinq ans. Il n’y a qu’avec des vraies mesures qu’on pourra avancer.» ats

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