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«Bien sûr, j’en veux d’autres»

Vainqueur de l’US Open et No 1 mondial, Carlos Alcaraz (19 ans) ne veut pas s’arrêter en si bon chemin

«Bien sûr, j’en veux d’autres»
«Bien sûr, j’en veux d’autres»
Publié le 13.09.2022

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Tennis » Carlos Alcaraz a fait son entrée dans la cour des très grands dimanche soir à New York. Vainqueur 6-4 2-6 7-6 (7/1) 6-3 en 3h20’ de Casper Ruud en finale de l’US Open, le prodige espagnol a signé une première historique: cueillir un premier trophée majeur tout en devenant N° 1 mondial.

Cerise sur le gâteau, Carlos Alcaraz est, à 19 ans et 4 mois, le plus jeune leader de l’histoire du classement ATP (créé en 1973). Il efface le record de précocité en la matière, détenu jusqu’ici par l’Australien Lleyton Hewitt qui avait accédé à la première place mondiale à l’âge de 20 ans et 8 mois. «C’est incroyable de laisser une trace dans l’histoire», s’est ébahi l’Espagnol.

Vous avez remporté l’US Open et vous êtes N° 1 mondial, que ressentez-vous?

Carlos Alcaraz: C’est dingue. Je n’aurais jamais imaginé y parvenir à 19 ans. Tout est arrivé si vite. C’est incroyable. J’en rêve depuis que je suis enfant, depuis que j’ai commencé le tennis. Alors soulever ce trophée, c’est magnifique. C’est incroyable de laisser une trace dans l’histoire, mon nom… Mais ce qu’a réussi le Big 3 (Federer, Nadal, Djokovic), se maintenir à ce niveau pendant 20 ans est encore plus difficile. Je ne veux pas me comparer à eux, je les admire. J’ai une grande marge de progression du point de vue du mental, du tennis, du physique, de tout. Mon premier titre en grand chelem et la place de No 1 sont arrivés très vite, mais je ne dois pas stagner, rester dans ma zone de confort, je dois progresser. J’ai joué un grand tennis, mais j’ai aussi affiché un grand niveau mental, de cœur, et des c……. énormes.

Ce nouveau statut va-t-il vous changer?

Je reste le même garçon, je vais continuer de sortir dans la rue dans mon village, de saluer les gens. Je suis fier d’être d’El Palmar, d’être de Murcie et d’être Espagnol. Bien sûr, il va m’arriver plein de choses que je n’aurais pas imaginé vivre à 19 ans, mais me connaissant, je n’aurai pas de mal à garder les pieds sur terre. Je vais rester le même garçon, avec ses amis et sa famille. En rentrant en Espagne, j’irai voir mes amis, ma famille et je serai comme toujours. Je ne penserai qu’à fêter ça avec eux, rien d’autre. En ce qui concerne le tennis, il est évident que je veux continuer à travailler, à remporter des titres, rester longtemps le plus haut possible dans la hiérarchie, comme l’a fait le Big 3. Et pour cela, je ne dois pas m’arrêter, je dois continuer et continuer de travailler.

Vous avez répété que vous rêviez d’être No 1, de gagner un grand chelem… A partir de quand avez-vous cru cela possible?

Honnêtement, depuis que j’ai remporté le Masters 1000 de Miami. Après ça, j’ai gagné plusieurs grands matches d’affilée (il a éliminé Nadal puis Djokovic à Madrid, avant de remporter le tournoi) et je me suis dit que j’étais capable d’avoir un grand chelem entre les mains. Mais avant Miami, je pensais que je devais encore grandir. Je savais que j’étais capable de faire de bons résultats en grand chelem, mais pas au point de devenir champion.

Votre appétit s’est-il aiguisé?

Pour le moment, je profite du moment. Je savoure le fait de tenir cette coupe dans les mains. Mais, bien sûr, j’en veux d’autres! Je veux rester au top de nombreuses semaines, j’espère de nombreuses années. Je vais travailler dur après ces deux semaines extraordinaires et je vais me battre pour remporter encore d’autres trophées comme celui-ci.

ats

résultat

New York. US Open. Troisième levée du grand chelem (60,1 millions de dollars, dur). Simple messieurs. Finale: Carlos Alcaraz (ESP/3) bat Casper Ruud (NOR/5) 6-4 2-6 7-6 (7/1) 6-3.


Analyse

Carlos Alcaraz, Monsieur «trois en un»

Les optimistes ont sans doute de bonnes raisons de l’être, mais le Tages Anzeiger croit savoir que la convalescence de Roger Federer a pris du retard et que la présence même du Bâlois à la Laver Cup, dont la 5e édition aura lieu la semaine prochaine à Londres, n’est pas garantie. Ou pour un double seulement. Rafael Nadal, lui, gagne toujours autant – l’Open d’Australie et Roland-Garros cette année – mais il ne joue plus qu’à mi-temps, malmené par un pied qui se dérobe quand il n’est pas piqué d’anti-inflammatoires. Le «cas» Novak Djokovic aurait pu aussi se régler à coups de seringue si le Serbe n’était pas résolument réfractaire aux vaccins. En Australie et aux Etats-Unis, deux pays qui lui ont fermé la porte au nez, la tendance est, comme partout ailleurs, à un retour à la normalité. Mais Novak Djokovic a perdu des mois précieux et rien n’indique qu’il sera toujours aussi dominant en 2023.

Avec ces grands fauves qui n’ont de cesse de retomber sur leurs pattes, l’histoire nous a appris qu’il ne fallait jamais jurer de rien. Mais si l’ère du Big Three n’est pas totalement révolue, pas encore, elle a pris un sacré coup de vieux, esquintée par un jeune homme qui, à 19 ans et 4 mois, et à la faveur de son sacre dimanche à l’US Open, s’est gaillardement assis sur le trône du tennis mondial.

Que les adorateurs de Roger Federer, les aficionados de Rafael Nadal et les compatriotes de Novak Djokovic se rassurent: ils trouveront en Carlos Alcaraz des petits morceaux de leur idole. Avec le «Rafa» des premières années, un Espagnol comme lui, le nouveau roi partage la fougue et la précocité. Le respect de l’autre aussi. Tel son aîné, il se plaît à jouer tous biceps dehors et à gorge déployée, ce qui ne manque pas d’accentuer l’impression de puissance qui se dégage de sa raquette.

A Novak Djokovic», le Murcien a «piqué» la souplesse – combien de grands écarts en bout de course? – et ce souci permanent de ne pas céder un pouce de terrain. Jamais. Carlos Alcaraz est fort, agile et endurant: son parcours à New York, qui l’a vu surmonter trois matches consécutifs à la limite des cinq sets, est là pour le prouver. Sa filiation avec Roger Federer tient moins en ses capacités physiques hors norme ou à son charisme qu’à cette volonté rare chez un enfant élevé sur terre battue à prendre le filet. Ses volées ne seront jamais aussi ciselées que celles du Suisse. Mais la main est habile et inspirée. Dimanche à Flushing Meadows, elle a permis au marathonien des courts, visiblement émoussé, de porter l’estocade en fin de quatrième manche. Ouf!

Nul ne sait combien de temps durera le règne de «Charles» Alcaraz Ier ni jusqu’où il s’étendra. Sur le gazon de Wimbledon aussi? Une chose est sûre: quand «ils» – et on les connaît – auront tiré leur révérence, Monsieur «trois en un» assurera la succession. Quitte à s’autoproclamer Big One. Pierre Salinas

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