La Liberté

Roger Federer dans le bon timing

Le Bâlois revient sur le circuit aujourd’hui à Stuttgart. Et il s’est préparé avec beaucoup de minutie

Publié le 13.06.2018

Temps de lecture estimé : 5 minutes

ATP »   Avant d’effectuer son retour aujourd’hui sur le circuit à l’occasion du tournoi sur gazon de Stuttgart, Roger Federer a pris le temps de discuter en tête à tête avec la presse suisse. L’homme aux 20 titres de grand chelem parle de son genou, de la candidature olympique refusée par les Valaisans et du fait de prendre de l’âge.

Toujours un timing parfait pour Roger Federer. Quelques minutes après son entraînement avec le Belge Ruben Bemelmans sur l’un des courts annexes, le ciel s’est mis en colère. Superdétendu face aux sept journalistes suisses présents dans la cité souabe, le Maître a encore fait honneur à sa classe légendaire. Dans une salle au-dessus du restaurant des joueurs, de nombreux joueurs ont attendu que l’ondée passe. Mais pour le roi, la cour de l’ATP libère volontiers la place.

Roger Federer, vous voici à l’aube de la saison sur gazon. Y a-t-il une grande différence de s’entraîner sur dur ou sur herbe?

Roger Federer: Pas tant que ça. Sur dur, tu peux tout faire juste et te mouvoir parfaitement. Sur herbe, il faut toujours faire attention. Mais c’est bien si tu peux jouer un peu sur gazon comme ça le corps a le temps de s’habituer à la douleur ­musculaire.

Vous avez des douleurs ­musculaires?

Cela se manifeste au début dans le bas du dos et au niveau des muscles fessiers. Tu dois toujours être en mouvement vers l’avant. Je sens dans mes mollets que ma musculature se fatigue plus vite. Là j’ai pu suffisamment m’entraîner sur gazon et je suis prêt (il rit). Mais cela ne me garantit pas que tout ira bien.

Sur terre battue, vous avez davantage peur en raison de votre opération au genou. Pouvez-vous nous l’expliquer?

Peur, c’est un peu excessif. C’est que l’année dernière on ne savait pas comment le genou allait réagir sur la terre battue. Mais depuis mon retour en 2017, je n’ai eu aucun souci avec mon genou. C’était surtout en 2016 parce que le genou faisait des choses bizarres. Je ne sais pas si c’était en raison de la terre battue ou si c’était une phase comme ça. Je ne sais pas où se situait le problème, encore aujourd’hui je ne me l’explique pas. Pareil pour mon physio Dani et pour le médecin. Je suis juste convaincu que je peux encore bien jouer sur toutes les surfaces. L’essentiel demeure la planification. A quel moment en fait-on trop? Avant je me marrais quand je voyais Agassi ne pas dépasser les deux tournois d’affilée, maintenant je sais pourquoi il le faisait. Tu ne peux pas disputer dix matches en 13 jours.

Comment ressentez-vous le fait de devenir plus âgé?

La grosse différence pour moi, quand tu as un problème de dos par exemple, c’est que cela dure plus longtemps. Avant j’étais presque à 100% en deux jours. Deux semaines après le dernier US Open, j’avais encore des douleurs et j’étais vraiment surpris. J’ai peut-être davantage besoin de sommeil, je ne sais pas. Avant tu n’avais rien à faire avec le coach durant les tournois. Là j’ai le sentiment que j’ai besoin de huit ou neuf heures de sommeil minimum.

Vous avez annoncé votre ­décision de jouer à Stuttgart un peu à la der cette année. ­Est-ce que l’âge vous pousse à ce genre de décisions à court terme?

Pas nécessairement. Logiquement pour moi c’est mieux de savoir ce qui va se passer. Ce que je ne veux pas, c’est de dire à un organisateur que je participe au tournoi et finalement annoncer que je me retire. C’est pour moi une façon de duper les spectateurs. Si je me présente à un tournoi, c’est pour donner mon maximum, sinon c’est ce qu’il y a de pire pour les organisateurs et le public.

Vous disiez que vous n’étiez pas certain de disputer la saison de terre battue l’année prochaine. Cela signifie que vous êtes prêt à jouer l’an prochain?

Oui, c’est le plan. Je m’attends à jouer à la même période l’année prochaine. Mais je n’ai aucune garantie, surtout en prenant de l’âge. Mais je ne dis pas que je ne jouerai plus sur terre battue. C’est encore ouvert. J’ai le sentiment que je dois jouer plus d’un tournoi si j’entends jouer sur terre. Si je pense avoir au moins une petite chance de remporter le tournoi, je dois participer à deux ou trois tournois avant Roland-Garros. Si Paris comptait autant pour moi, je devrais démarrer ma préparation en décembre. Je ne peux pas y aller en dilettante juste pour jouer. Mes exigences sont plus élevées. Les fans doivent pouvoir voir le meilleur Federer en tournoi. Sinon ils vont penser que c’est chouette de me voir et après je me fais battre nettement. Ce n’est pas l’objectif. Je suis bon, mais j’ai besoin d’une bonne préparation pour pouvoir régater avec le reste du circuit.

La saison sur terre battue ­est-elle devenue la plus calme de l’année pour vous?

Oui. Même si j’espère toujours davantage de jours de congé. Ce serait vraiment beau d’avoir une semaine durant laquelle je ne sais pas quoi faire. M’entraîner? Faire une pause? Boire des cafés? Me promener avec les enfants? Aujourd’hui, tout est planifié.

Comment jugez-vous le non valaisan pour les JO 2026?

J’ai rapidement senti que cela se passerait comme ça, que la Suisse n’était pas encore prête. Nous avons perdu la confiance à l’égard des grandes institutions. Il y a parfois eu trop de mégalomanie. Les gens n’ont pas cru à la durabilité des Jeux. On le voit aussi à travers la FIFA. Ce côté gigantesque, tout en superlatifs. C’est la même chose partout. Après la Suisse est prédestinée à accueillir les Jeux d’hiver. J’espère que ce n’est qu’une phase et qu’on pourra à nouveau assister aux Jeux une fois en Suisse.

Rafael Nadal et vous avez remporté les six derniers tournois du grand chelem. Est-ce que vous êtes les plus forts ou est-ce la nouvelle génération qui n’est pas au niveau?

C’est probablement un mélange des deux. C’est assez dur d’y répondre. C’est clair que c’est agréable, mais c’est aussi agréable lorsqu’il y a plus de changement. Mais pour moi et Rafa, c’est incroyable de pouvoir encore vivre des instants pareils au crépuscule de notre carrière. C’est véritablement un rêve devenu réalité.

ats

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