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Camouflet infligé à la patronne de France Télévisions

Des propos très sévères du président français Emmanuel Macron envers l'audiovisuel public, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont accru la tension chez France Télévisions (archives). © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT
Des propos très sévères du président français Emmanuel Macron envers l'audiovisuel public, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont accru la tension chez France Télévisions (archives). © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT


Publié le 12.12.2017


Les journalistes de France Télévisions ont infligé un camouflet à leur patronne, Delphine Ernotte. Ils ont adopté mardi à une majorité écrasante une motion de défiance à son encontre, pour dénoncer des économies sur l'information.

Les journalistes des rédactions nationales du groupe ont approuvé à 84% une motion de défiance, qui leur avait été soumise par les Sociétés de journalistes (SDJ) du groupe public. Le taux de participation au vote a été de 69%.

Cette motion intervient à quelques heures du début d'une grève de vingt-quatre heures, ce mercredi, à l'appel de trois syndicats à l'occasion de la tenue d'un Comité central d'entreprise. Cette grève vise à contester non seulement les économies prévues en 2018, mais aussi un projet de réforme en profondeur de l'audiovisuel public, préparé par le gouvernement.

Résultat "sans appel"

C'est un vote "clair, net et massif", et d'une ampleur inédite au sein du groupe, a déclaré Clément Le Goff, président de la SDJ de France 2. "Le résultat est sans appel, les journalistes ont voulu envoyer un message clair : l'information doit rester la priorité à France Télévisions", a-t-il ajouté.

Ce scrutin visait à dénoncer "une attaque inédite contre l'information du service public", selon les organisateurs. La présidente de France Télévisions avait assuré prendre ce vote "au sérieux", dans un message adressé lundi aux salariés.

Delphine Ernotte a pris les rênes du groupe public en 2015. Elle subit régulièrement des critiques, comme lors du remplacement du présentateur vedette David Pujadas par Anne-Sophie Lapix aux manettes du journal télévisé de la chaîne France 2.

Inquiétudes

Le gouvernement français a sommé le groupe de réduire de 50 millions ces dépenses en 2018, à 2,57 milliards d'euros (3 milliards de francs). La direction veut supprimer 180 postes équivalent temps plein l'an prochain, via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l'information.

France TV a en revanche renoncé, face au tollé, à réduire la diffusion des magazines emblématiques de France 2, "Envoyé Spécial" et "Complément d'enquête". Aux économies envisagées s'ajoutent des inquiétudes liées à l'avenir de l'audiovisuel public en France.

Cet automne, la révélation de "pistes de travail" émanant du ministère de la Culture, évoquant un "rapprochement" entre France Télévisions et Radio France, une fusion de France 3 et France Bleu, la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique, a déclenché la colère des syndicats.

ats, afp

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