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Désinformation: l'UE appelle les géants du net à en faire plus

Vera Jourova: les géants du net doivent bien se tenir © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
Vera Jourova: les géants du net doivent bien se tenir © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ


Publié le 10.06.2020


L'Union européenne a appelé les géants du net à en faire davantage pour lutter contre l'"énorme vague de désinformation" suscitée par la pandémie de coronavirus. Bruxelles a aussi apporté son soutien à Twitter dans sa bataille contre Donald Trump.

L'UE va demander à ces plateformes (Facebook, Twitter, Google...) de publier un rapport mensuel sur les actions mises en oeuvre pour lutter contre la désinformation liée au Covid-19, a annoncé la vice-présidente de la Commission chargée des valeurs et de la transparence, Vera Jourova. Elle s'est exprimée lors d'une conférence de presse avec le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Vera Jourova a "salué" les mesures déjà prises par les géants de l'internet, mais estimé qu'ils "devaient en faire plus", en présentant un plan pour lutter contre la désinformation. Les rapports des plateformes devront porter sur la nature de la désinformation, la dimension du réseau impliqué, son origine géopolitique et l'audience ciblée, a-t-elle précisé. La démarche repose sur la bonne volonté des plateformes, mais il est selon elle dans leur intérêt de susciter la "confiance des utilisateurs".

Publicité pour faux médicaments

La pandémie a déjà conduit l'UE à demander aux plateformes de mettre en avant les informations des autorités de santé comme l'OMS, et de retirer les publicités pour de faux médicaments notamment. Google a bloqué ou retiré plus de 80 millions de publicités liées au coronavirus, a rappelé Vera Jourova, qui s'était aussi félicitée en avril des initiatives annoncées par Facebook et Twitter pour tenter de freiner la contagion d'infox.

En 2018, ces géants du net se sont engagés, dans le cadre d'un "code de bonnes pratiques" lancé par l'exécutif européen, à agir contre la diffusion de fausses informations. Un code que doit rejoindre prochainement le réseau social TikTok, dont la popularité a explosé avec le confinement, a annoncé Vera Jourova.

Le dirigeant de Google Europe, Matt Brittin, a réaffirmé l'attachement du géant américain à ce code et à "travailler ensemble pour trouver de nouveaux moyens créatifs pour continuer la lutte contre la désinformation".

La commissaire tchèque a salué l'attitude de Twitter, en conflit ouvert avec le président américain, grand utilisateur du réseau social. Twitter a mis des avertissements "vérifiez les faits" sur plusieurs messages de Donald Trump et masqué un autre sur les affrontements de Minneapolis pour signaler une "apologie de la violence".

"Pluralisme"

Une attitude distincte de celle de Facebook qui a décidé de ne pas signaler ou censurer de quelque manière que ce soit les messages du président américain. "Je soutiens la réaction de Twitter aux tweets du président Trump", a déclaré Vera Jourova, soulignant que les messages en question n'avaient pas été supprimés. Le réseau social a "fourni une information vérifiée". "C'est ce que j'appelle le pluralisme", a-t-elle dit. "Nous, les personnalités politiques, devrions tout particulièrement accepter cette confrontation", a-t-elle dit.

Les mesures présentées mercredi s'inscrivent dans la perspective du "Plan d'action pour la démocratie européenne" et du "Digital Services Act", destinés à mieux réguler les géants de la tech, qui doivent être présentés à la fin de l'année par l'exécutif européen.

Dans son rapport, l'UE accuse notamment la Russie et la Chine, d'avoir mené des campagnes de désinformation dans l'UE et le monde entier. "La pandémie nous a montré que la désinformation ne fait pas seulement du mal à nos démocraties, cela nuit aussi à la santé de nos citoyens", a commenté Vera Jourova.

"Nous n'avons pas le pouvoir de la stopper, nous avons celui de donner aux citoyens une alternative, une vérification, pour comparer ce qui est dit avec la réalité", a déclaré Josep Borrell.

Dans la lutte contre la désinformation, la Commission entend promouvoir les activités de recherche et de "fact-checking" (vérification des faits), notamment à travers le nouvel Observatoire européen des médias numériques. Celui-ci, opérationnel depuis le début du mois, est dirigé par l'Institut européen universitaire de Florence (Italie) et regroupe le Centre de technologie d'Athènes, l'université d'Aarhus (Danemark) et l'organisation de fact-checking italienne Pagella Politica.

La Commission va lancer dans le mois "un appel d'offres de 9 millions d'euros pour des centres de recherche dans différents Etats membres", afin de susciter une "émulation dans la liberté de parole", a déclaré Vera Jourova.

ats, afp

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