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Les migrants sensibilisés au statut des femmes

Réagissant aux événements de la nuit de la St-Sylvestre, le canton de Lucerne va lancer une campagne de sensibilisation dans les centres d'hébergement de requérants. © KEYSTONE
 Réagissant aux événements de la nuit de la St-Sylvestre, le canton de Lucerne va lancer une campagne de sensibilisation dans les centres d'hébergement de requérants. © KEYSTONE


Publié le 15.01.2016


Intégration • Les autorités en Suisse n'ont pas attendu les agressions de femmes à la Saint-Sylvestre en Allemagne et à Zurich pour se préoccuper du comportement des migrants vis-à-vis du sexe opposé. Les réfugiés sont ainsi sensibilisés au statut de la femme et à l'égalité entre les sexes.

En Suisse, les mesures d'intégration des requérants d'asile dépendent des cantons et diffèrent ainsi de l'un à l'autre. Réagissant aux événements de la nuit de la St-Sylvestre, le canton de Lucerne va lancer une campagne de sensibilisation dans les centres d'hébergement de requérants.

Il s'agit d'une mesure ponctuelle, en prévision du carnaval qui débute le 4 février. La campagne a pour thème "les abus sexuels" et vise à expliquer le comportement correct à adopter à l'égard des femmes.

Du matériel d'information est en cours de préparation afin d'expliciter ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas. "Il y sera clairement expliqué que la violence sexuelle n'est pas tolérée", a précisé à l'ats une porte-parole du Département de la santé et des affaires sociales.

Prérogative cantonale

Ailleurs, le thème est souvent traité, de manière plus ou moins approfondie, sous l'angle du respect des règles de vie en société. C'est le cas à Genève, où chaque requérant d'asile doit suivre un cours de socialisation de six heures qui permet d'aborder entre autres les usages locaux et l'habillement.

D'autres cantons proposent une sensibilisation dans le cadre de cours plus larges, comme le Jura lors de leçons de français ou d'animations, et le canton de Vaud à travers plusieurs modules consacrés à la vie en Suisse.

En Valais, des interventions sur le thème de la santé sexuelle ont lieu dans les centres de requérants. Il s'agit de traiter notamment des similitudes et différences par rapport au pays d'origine, des lois sur le mariage, des abus sexuels et du viol.

"Vu la mixité des populations amenées à vivre ensemble, il faut que les règles du savoir-vivre soient énoncées et partagées", estime Jacqueline Fellay-Jordan, conseillère en santé sexuelle au Centre SIPE (Sexualité, Information, Prévention, Education). "Aux autorités cantonales de mettre l’accent sur la prévention pour éviter au maximum de devoir intervenir, en dernier recours, par la répression qui stigmatise populations et religions".

Pour une harmonisation

Pour la conseillère nationale bâloise Silvia Schenker, il faut coordonner et harmoniser la sensibilisation "qui semble très diverse d'un canton à l'autre". La socialiste compte déposer une interpellation lors de la prochaine session parlementaire afin que la Confédération prenne position.

D'après elle, la Suisse doit suivre l'exemple de la Norvège et du Danemark et informer les requérants d'asile sur la place de la femme dans la société, son statut juridique égal à celui des hommes et la manière de se comporter dans l'espace public.

"En Suisse, qu'une femme porte une jupe courte ou un décolleté n'a rien de spécial. Le but est que les requérants soient informés des règles, de ce qui constitue une agression sexuelle et des conséquences possibles", précise Silvia Schenker à l'ats. "Pour qu'ils sachent à quoi s'en tenir en cas de non-respect de ces règles".

De son côté, la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS) n'a pas été sollicitée à ce sujet, a dit à l'ats Loranne Mérillat, responsable du domaine Migrations. "La CDAS reste toutefois disposée à aborder ce thème si c'est souhaité et nécessaire", selon elle.

Attitude respectueuse des femmes

Les requérants d'asile sont de fait sensibilisés dès leur arrivée dans un Centre d'enregistrement et de procédure. Porte-parole du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), Léa Wertheimer précise que durant les 20 à 30 jours qu'ils passent dans les centres fédéraux, les requérants sont informés sur les règles en vigueur en Suisse et les comportements à adopter en société.

S'il n'existe pas de programmes spécifiques consacrés à la manière de se conduire avec les femmes, cette notion fait partie du concept d'intégration du SEM. Elle est notamment abordée lors des séances d'information dispensées aux requérants d'asile à leur arrivée.

"Nous les informons régulièrement, par écrit et oralement, de concert avec les sociétés de prise en charge actives dans les centres", insiste la porte-parole du SEM. "Et cela se passe bien. La grande majorité des requérants d'asile adoptent une attitude correcte et respectueuse envers les femmes".

Les informations concernant les droits et devoirs des requérants diffèrent d'un centre d'accueil à l'autre, précise Léa Wertheimer. Le SEM oeuvre actuellement à standardiser la prise en charge.

ats

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