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Référendum: les indépendantistes catalans restent mobilisés

Des étudiants ont protesté vendredi devant l'Université de Barcelone. © Keystone/AP/EMILIO MORENATTI
Des étudiants ont protesté vendredi devant l'Université de Barcelone. © Keystone/AP/EMILIO MORENATTI


Publié le 22.09.2017


Des indépendantistes catalans sont descendus dans la rue vendredi pour la troisième journée consécutive afin de protester contre les opérations de police qui visent à empêcher le référendum d'autodétermination du 1er octobre. Madrid dénonce pour sa part ces pressions.

Agitant des drapeaux indépendantistes et reprenant des slogans comme "Liberté pour les détenus!", près de 2000 personnes se sont rassemblées devant un tribunal de Barcelone où ont comparu six hauts-fonctionnaires arrêtés mercredi, a constaté l'AFP. Ils ont tous les six refusé de témoigner et été mis en liberté provisoire. Ils devront comparaître une fois par semaine devant la justice.

"Ces arrestations sont des violations des droits de l'Homme. Nous sommes revenus au temps de Franco", s'est indigné Josep Esteve, 60 ans, qui manifestait devant le tribunal. Pendant ce temps, des centaines d'étudiants envahissaient le siège de l'Université de Barcelone, dans le centre-ville.

"Il s'agit d'une occupation", a dit Nuria Marín, porte-parole de la Plateforme des universités pour la République. "Des députés et des chanteurs vont venir et l'idée c'est que des étudiants passent la nuit ici pour occuper les lieux", a-t-elle expliqué.

Des députés européens s'en mêlent

Face à ce remue-ménage, une cinquantaine de parlementaires européens, majoritairement d'extrême gauche et des écologistes, ont dénoncé l'"état de siège" imposé selon eux à la Catalogne après les arrestations des hauts fonctionnaires indépendantistes. Ils l'ont fait savoir dans une lettre au premier ministre Mariano Rajoy.

Un procureur de Madrid a d'autre part demandé l'ouverture d'une enquête pour "sédition" après des manifestations d'indépendantistes contre une opération policière à Barcelone. Des gardes civils avaient été chahutés et leurs véhicules endommagés lors des mobilisations. Le délit de "sédition" est passible d'une peine de prison.

Esprits crispés

Les mesures prises ces derniers jours par les autorités espagnoles ont porté un coup très sévère à l'organisation du référendum, comme l'a reconnu jeudi Oriol Junqueras, le vice-président du gouvernement régional. Il a admis que "les règles du jeu ont été altérées".

Mais les arrestations ont aussi crispé les esprits dans une région profondément divisée entre partisans et adversaires de l'indépendance. "Ces opérations deviennent aussitôt de véritables boomerangs contre ceux qui les entreprennent", a affirmé le porte-parole du gouvernement catalan Jordi Turull, au cours d'une conférence de presse.

Le gouvernement espagnol a quant à lui dénoncé ces manifestations: "Ces derniers jours, nous avons vu des opérations de harcèlement", a dénoncé son porte-parole, Inigo Mendez de Vigo. "Ils font pression sur les bureaux des partis politiques qui veulent respecter la loi, sur les directeurs d'école, sur les recteurs, sur les universités, les fonctionnaires, les journalistes, les journaux", a-t-il déploré.

Poursuite des opérations de police

Les opérations de police se poursuivaient en Catalogne, même si Mariano Rajoy avait estimé dès mercredi que le référendum avait été "désarticulé", après l'arrestation de quatorze hauts fonctionnaires et la saisie de près de dix millions de bulletins de vote.

"Nous continuons de recevoir des instructions du parquet" pour saisir le matériel de vote, a déclaré un porte-parole de la Guardia civil. Le ministre espagnol de l'intérieur, Juan Ignacio Zoldo, a prévenu par lettre le gouvernement catalan de l'envoi de renforts de la police nationale et de la Guardia civil qui "interviendraient si le référendum illégal était maintenu".

Ces effectifs de police seront logés dans trois bateaux de croisière affrétés par le ministère et ayant la capacité d'héberger 6600 personnes, qui se trouvent à quai dans les ports de Barcelone et de Tarragone. Malgré cela, le gouvernement catalan maintient l'organisation du référendum, suspendu par la Cour constitutionnelle.

"Je le regrette Espagne, mais la Catalogne votera sur son indépendance que cela vous plaise ou non", a écrit Carles Puigdemont, le président séparatiste de la Catalogne, dans une tribune reproduite par le journal américain The Washington Post, où il est présenté comme "le 130e président de Catalogne".

ats, afp

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