La Liberté

Vitol évoque un possible départ de Suisse

Vitol répète n'avoir aucun lien avec les Paradise Papers et ne pas être sous enquête du Ministère public genevois (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Vitol répète n'avoir aucun lien avec les Paradise Papers et ne pas être sous enquête du Ministère public genevois (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 22.11.2017


Vitol, dont le siège est à Genève, évoque un risque réel de quitter la Suisse face à un possible durcissement réglementaire. Le groupe de négoce pétrolier s'inquiète également des atteintes injustifiées à sa réputation, en lien avec les Paradise Papers.

"Nous n'avons pas besoin d'être en Suisse pour nos affaires. Il est aisé pour un groupe global comme Vitol de transférer ses activités et donc ses collaborateurs dans ses bureaux en Europe, en Asie ou aux Etats-Unis", relève mercredi le directeur Gérard Delsad, dans une interview accordée à L'Agefi.

Un départ immédiat n'est toutefois pas à l'ordre du jour pour les 185 employés genevois du groupe, qui devraient emménager d'ici fin 2018 dans de nouveaux locaux Place des Bergues, avec un bail pour dix ans. "Nous n'avons aucun regret. Il n'y a pas de plan de partir immédiatement", assure M. Delsad.

Besoin de stabilité

"Si la Suisse ne veut plus de négoce des matières premières, nous en prendrons acte", avertit toutefois le dirigeant, qui exprime son besoin de pouvoir continuer à travailler dans un environnement serein et stable. A ce titre, le groupe est dans l'expectative face à un possible contre-projet à l'initiative sur les multinationales responsables.

Ce texte veut obliger les sociétés sises en Suisse à examiner régulièrement les conséquences de leur activité sur les droits de l'homme et l'environnement. Elles devraient aussi étudier les mesures à prendre pour prévenir ou supprimer les atteintes éventuelles, et rédiger des rapports sur le sujet. L'initiative est rejetée par le Conseil fédéral.

Menace de régulation

Récemment, la ministre de la Justice Simonetta Sommaruga a toutefois lancé un avertissement sévère à l'industrie des matières premières éclaboussée par les Paradise Papers, en brandissant la menace d'une régulation fédérale "si l'économie ne parvient pas à se tenir à ses propres règles".

"Nous n'avons rien contre la réglementation, mais les faits doivent être justes. Il s'agit de ne pas transformer les faits pour justifier d'une régulation", estime Gérard Delsad. Pour ce dernier, il faut à tout prix éviter le "Swiss finish", soit une surréglementation.

Le directeur de Vitol, qui estime que le négoce est déjà soumis à une multitude de régulations, s'interroge également sur la forme que prendrait une nouvelle réglementation. "Que veut Madame Sommaruga concrètement?", demande le Français. "La Suisse peut créer sa propre législation, mais elle doit être consciente de ses implications".

Pas de lien avec les Paradise Papers

Vitol déplore par ailleurs sa récente mention dans la presse en lien avec les Paradise Papers. "Etre ainsi lynché dans la presse est un sentiment très frustrant pour la société internationale, que je représente, et qui travaille dans les règles de l'art", affirme M. Delsad.

Celui-ci répète que Vitol n'a aucun lien avec les Paradise Papers et qu'il n'est pas sous enquête du Ministère public genevois, contrairement à ce qu'affirme Public Eye. Le groupe de négoce avait sommé vendredi dernier l'ONG de retirer ses accusations et avait annoncé se réserver le droit d'engager une action en justice.

Pour l'heure, le groupe n'a pas encore pris sa décision quant à la suite légale à donner à cette affaire. Il attend la réaction de Public Eye, qui dispose d'un délai jusqu'à fin novembre pour rétablir la véracité des faits.

ats

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11