Philippe Djian » Il a changé d’éditeur, pas de plume. Passé chez Flammarion, Philippe Djian tire à nouveau le portrait d’une famille dysfonctionnelle dans ce style toujours radical qui, pour aller à l’os du récit, ne s’embarrasse plus de typographie, de guillemets, de points d’interrogation. Une prose compacte, rivée à la langue de ses personnages, tenue par le cinglant des dialogues.

Le décor, alors, n’est plus qu’atmosphère: en 2030, du titre de ce roman de légère anticipation, les voitures volent, le courant lâche, Greta Thunberg publie un livre et les Suédois font du vin car il fait chaud. Excessivement chaud. L’Effondrement n’a pas eu lieu, «le Vieux Monde était toujours là et le Nouveau tardait à apparaître». En attendant, les incendies succèdent aux déluges et tout se détraque. «Pas seulement le climat. Les gens.» Entre frustration et impuissance, la société s’embrase sur fond de lutte écologique. Dans cette incandescence, le romancier convoque Eros et Thanatos pour c