Le professeur est un acteur
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Dans son Opinion du 22 mai, le professeur Casasus prononce «une mise en garde contre une forme d’asservissement intellectuelle où l’étudiant n’aurait plus qu’à suivre les instructions données par les ordinateurs». J’approuve et en témoigne par ma longue expérience. Prof de philo durant plus de trente ans à Fribourg, puis Lausanne et Bulle, je n’ai jamais pu imaginer qu’on puisse initier nos bacheliers à la philosophie en privilégiant l’ordinateur. Pour une raison fondamentale: l’ordinateur informe, le professeur est un éveilleur!
Il est l’éveilleur d’un questionnement, ici philosophique: comment va-t-il exprimer cet éveil, le faire passer, sinon en exerçant lui-même la pensée devant et avec ses étudiants pour les initier à une conception du monde et de l’homme, qu’il s’agisse de Platon, ou de Kant? Tel est l’enjeu.
Le professeur est un acteur. Un acteur vivant de son enseignement. Je devais avant tout sensibiliser mes élèves aux idées porteuses d’une philosophie, leur apprendre à argumenter, à analyser des textes, à cultiver l’esprit critique.
Il en est de même pour d’autres branches comme la littérature, les sciences, l’histoire ou l’art. Ce qui compte pour beaucoup, c’est la personnalité du prof, son art d’enseigner. Cela ne s’apprend pas dans les livres, ni sur Wikipédia. «Etre un penseur vivant, tout est là!» clamait Jeanne Hersch, philosophe.
Si le prof est lui-même enthousiasmé par sa matière, s’il possède une réelle capacité pédagogique, le pari est gagné. Les élèves ne s’y trompent pas: au premier contact, ils savent si oui ou non le cours sera intéressant et eux intéressés.
François Gachoud,
prof retraité, Bulle