La Liberté

Des cours de ciné au collège

Face au poids des images dans la société, des professeurs estiment ­nécessaire de familiariser les élèves aux codes du cinéma et de la publicité

Des cours de ciné au collège
Des cours de ciné au collège

Yvan Pierri

Publié le 15.05.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Enseignement »   Le cinéma est-il devenu aussi important que la littérature? «Oui, on vit dans une société de l’audiovisuel, et le problème, c’est qu’on subit plutôt qu’on analyse les images auxquelles on est soumis», déplore Luc Perritaz, professeur au Collège Sainte-Croix, à Fribourg. «Dans le cinéma, on raconte des histoires, on montre des choses, on en cache d’autres. Ce n’est pas une représentation de la réalité.» Pour l’enseignant, qui déplore le manque de curiosité des élèves à l’égard du cinéma, il serait donc salutaire d’initier les élèves aux rouages de ce langage. Même son de cloche de son collègue Pascal Rotzetter, qui gère le Ciné-Club de Sainte-Croix: «S’occuper de ce média-là serait une évidence.»

L’idée de l’intégrer au programme gymnasial séduit les élèves. «Ce serait très intéressant», s’enthousiasme Adrien Demichelli, élève au Collège Saint-Michel, avant de nuancer: «Mais je pense que ce serait très difficile, dans la mesure où il faudrait avoir des professeurs qui soient capables d’orienter l’élève vers une réflexion personnelle.» Il poursuit: «J’aimerais un choix de films qui posent des questions, sur tous les sujets. On pourrait les confronter à des textes et aussi faire de l’analyse formelle.» En somme, une ­approche similaire à celle adoptée en cours de français pour la littérature.

Mais Luc Perritaz souhaiterait aller plus loin: il s’agirait également de mettre la caméra dans les mains des élèves. «En leur montrant comment on fait un film, ils pourront voir qu’on peut lui faire dire n’importe quoi.» Selon l’enseignant, l’omniprésence du langage audiovisuel le fait passer, à tort, comme celui de la vérité: «Parce qu’on est dans un monde d’images, on pense que tout le monde peut faire ça. Comme si on voyait tout, on savait tout, alors que ce n’est pas le cas.»

Approche transversale

Toutefois, l’intégration d’un cours dédié au cinéma et au langage audiovisuel au programme gymnasial fribourgeois bute sur un écueil, puisque celui-ci est tenu de se plier à l’ordonnance fédérale sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale. Si le dessin et la musique ont le statut de discipline fondamentale, le cinéma et la vidéo sont laissés pour compte. Mais Luc Perritaz ne baisse pas les bras: «Les compétences communicationnelles des élèves par le langage cinématographique pourraient être développées dans les cours d’informatique ou d’arts visuels.»

Quant à l’histoire du cinéma et son analyse formelle, «on pourrait les intégrer aux cours de français, comme on le fait déjà pour le théâtre». Une idée suivie par Pascal Rotzetter, qui invite ses élèves à analyser des séquences de films et des spots publicitaires. En attendant une reconnaissance au niveau fédéral, on espère que cette pratique se démocratise à l’avenir.

Articles les plus lus
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11