Le latin n’est pas mort
Page Jeunes - Education >> La langue de Cicéron, souvent qualifiée d’élitiste, est encore bien étudiée dans le canton de Fribourg. Heureusement, car c’est un atout
lISE schaller
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La branche est souvent qualifiée d’inutile et d’élitiste. Cependant, des classes de latin encore bien fournies dans les collèges du canton de Fribourg témoignent d’un intérêt pour la langue antique. Cyril Barras, bachelier du Collège Saint-Michel et futur étudiant en philologie classique et en français, insiste sur l’importance de cette branche sur les bancs de l’école obligatoire: «Apprendre le latin, c’est apprendre une autre forme de logique que celle des mathématiques. Il est également à la base de la langue française. Si je n’avais pas été obligé d’en faire en première année du CO (cycle d’orientation, ndlr), je n’en aurais jamais fait!»
C’est aussi ce que démontre une enquête menée en 2014 dans le canton de Genève: après la suppression de la première année de latin obligatoire en 2011, le pourcentage d’élèves choisissant cette branche est passé de 20% à 14%.
Un nivellement linguistique
Roger Barbey, professeur de latin et d’histoire au Collège Saint-Michel, constate que l’étude du latin est bénéfique, voire nécessaire, à une bonne maîtrise de la langue française. «La connaissance des racines linguistiques permet une meilleure compréhension des textes. En cours d’histoire de première année du collège, il est embarrassant d’observer que certains élèves ne comprennent pas les textes parce que des mots ou expressions ne leur évoquent rien. Ce n’est pas le cas des latinistes qui sont à l’aise en langues et en composition.»
Cyril dénonce également les CO qui brûlent les étapes dans les programmes de français: «Les élèves commencent à analyser des textes alors qu’ils ont encore trop de lacunes en orthographe et en syntaxe.»
La tendance actuelle va dans le sens de l’utilitaire. Alors que certains politiques font l’apologie des études techniques, l’alma mater tire la sonnette d’alarme.
«Les universités font face à des travaux au contenu très bon, mais dont la forme manque cruellement de niveau. Les étudiants se désintéressent de la lecture. Nous assistons à un nivellement général de la culture», déplore Roger Barbey. O tempora! O mores!
L’avenir des lettres
Si Cyril Barras dit d’abord être «tombé dans la marmite» et avoir envie de poursuivre une passion, le latin et le grec ouvrent selon lui la porte à des activités aussi intéressantes que diverses, telles que l’écriture, la recherche, l’enseignement ou l’édition. Roger Barbey qualifie même le latiniste de «très recherché» dans le monde du travail: «On ne pourrait pas mettre un correcteur derrière chaque employé. Les latinistes sont facilement convoqués, même dans les métiers de l’industrie. On en trouve aussi dans les cabinets d’avocats ou de notaires.» Si la langue est morte, son avenir l’est donc moins. Les élèves sont encore motivés et le monde professionnel à la recherche de francophones avertis.
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