Au réveil, en ce petit matin du dimanche 13 juin, ce vague sentiment de longue veillée d’armes m’assaille encore une fois… Aujourd’hui, il est assorti d’un bref soulagement lorsque mon horloge m’indique que nous sommes le jour J. Enfin!

Ce soir, quel que soit le résultat des votations, cette impression d’assister au déchirement de deux mondes paraissant bientôt irréconciliables à force d’arguments peu ragoûtants et pas toujours complètement vérifiés allait trouver, sinon un épilogue, au moins une trêve dans les champs, devant les parcs publics, sur les façades, les voitures et les esprits.

Ce petit dimanche matin du 13 juin, il n’y a pas que les soignants, les paysans, les chauffeurs, les gendarmes ou encore les vendeurs qui se sont levés tôt. Il y a aussi une bande de chasseurs appelés au secours par leurs voisins paysans. Pour le coup, armés d’un drone à captage thermique, ils ont aidé à sauver un faon, caché dans les hautes herbes par sa maman confiante.

C’est la saison des foins… Sans eux, il aurait été déchiqueté par les rotatives. Ce n’est jamais drôle et même assez affreux d’avoir heurté et déchiqueté tout ou partie d’un jeune faon. Dans ces moments-là, le métier de paysan paraît bien cruel.

Ainsi, en ce petit matin de juin, alors que les derniers bulletins allaient être déposés dans les urnes, deux chasseurs et quelques paysans se sont préoccupés de la vie d’un faon. Et ils l’ont sauvée. Ça n’est pas grand-chose? C’est énorme? Chacun se fera un avis.

Anouk Hutmacher,

Oron-la-Ville