pictogramme abonné La Liberté Contenu réservé aux abonnés

Le vin de la Bourgeoisie de Fribourg passera en bio

La Bourgeoisie de Fribourg s’apprête à investir pour transformer sa production viticole en Lavaux

Adeline Dessinet et Philippe Berset, gestionnaire viticole et chef de service de la Bourgeoisie, font le pari de toucher une plus grande clientèle. © Jean-Baptiste Morel
Adeline Dessinet et Philippe Berset, gestionnaire viticole et chef de service de la Bourgeoisie, font le pari de toucher une plus grande clientèle. © Jean-Baptiste Morel

Patrick Chuard

Publié le 20.11.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Vignoble » Le Domaine viticole de la Bourgeoisie de Fribourg prépare sa révolution. L’ancienne propriété du chevalier Aymon de Billens, sur les terrasses de Lavaux, cédée en 1362 avant d’être reprise par la Fondation de l’hôpital des Bourgeois continuera bien entendu de produire du vin. Mais la Bourgeoisie de Fribourg a de grands projets. «Ce patrimoine viticole est sans doute la plus précieuse de nos propriétés. C’est notre fleuron et nous entendons le développer pour le pérenniser dans le futur», indique Philippe Berset, chef de service de la Bourgeoisie.

Thierry Steiert, syndic de la capitale cantonale et président de la Bourgeoisie, indiquait l’an dernier que «des réflexions sont en cours sur des investissements futurs au domaine de Riex. La possibilité d’y faire des vins biologiques est à l’étude». La décision est désormais prise de faire passer les 6,14 hectares du domaine en production biologique. «Nous sommes déjà dans une culture raisonnée en n’utilisant plus de produits phytosanitaires dès la floraison. Nous allons reconvertir le domaine par étapes jusqu’en 2028», explique Adeline Dessinet, responsable de la gestion viticole de la Bourgeoisie. Les premières bouteilles en bio devraient être vendues en 2030.

«Nous allons reconvertir le domaine par étapes jusqu’en 2028»
Adeline Dessinet

Le domaine suit un mouvement de reconversion entrepris par plusieurs grandes institutions viticoles ces dernières années. Alors que toutes les parcelles de l’Etat de Fribourg sont en bio depuis 2021, trois domaines de la commune de Lausanne en Lavaux (Burignon, Clos des Moines et Clos des Abbayes) visent également la certification Bio Suisse. «Nous ambitionnons de raccrocher le wagon de tête des exploitations viticoles dans le panorama fribourgeois», dit Philippe Berset. Ce changement passera par l’engagement d’un nouveau responsable de domaine après la récolte de 2024.

Pour accompagner ce bond en avant, la Bourgeoisie prévoit de rénover entièrement son espace de vente, à la rue des Alpes 14. «Nous allons également aménager un caveau moderne qui pourra être loué aussi bien par des familles que des entreprises afin de nous inscrire dans la tendance actuelle», souligne Philippe Berset. Il annonce également l’aménagement d’une terrasse attenante aux bâtiments de la Bourgeoisie. Ces investissements seront présentés à l’assemblée bourgeoisiale de la ville de Fribourg, le 13 décembre. Les transformations prévues devraient coûter 1,4 million de francs en ville de Fribourg.

Rentabilité

Avec ces changements la Bourgeoisie de Fribourg espère pérenniser son activité viticole et vise un équilibre financier «à moyen terme dans un domaine de plus en plus concurrentiel», signale Adeline Dessinet. Le domaine, qui produit environ 50'000 bouteilles par an, enregistre depuis plusieurs années des déficits de 40'000 à 150'000 francs pour un budget moyen d’exploitation tutoyant les 850'000 francs. Les ventes ont baissé de 7,5%. «Nous sommes convaincus que notre secteur viticole a un très grand potentiel et nos investissements seront payants dans quelques années. En maîtrisant toute la chaîne et en modernisant notre image, nous pouvons toucher un plus grand public», explique le chef de la Bourgeoisie, en se basant sur plusieurs études.

50'000

Environ, le nombre de bouteilles produites chaque année par le domaine

Les vins sont principalement écoulés auprès de la clientèle privée (40%) et des restaurateurs (35%) tandis que le solde est pris en charge par des revendeurs. «Nous aimerions mettre encore davantage l’accent sur des partenariats de proximité avec des restaurateurs de la région et favoriser l’œnotourisme.»

Rajeunissement

Produisant essentiellement du chasselas en blanc, le Domaine de la Bourgeoisie propose également des «grands crus» tels que le calamin et, en rouge, des assemblages de gamay, de gamaret, de garanoir ou de diolinoir, ainsi que du galotta. Avec le rosé, l’assortiment se compose de onze vins en tout. «Nous procédons à une diversification de plus en plus grande des produits, en cultivant de nouveaux cépages. Nous visons en tout cas des vins susceptibles de plaire à une nouvelle clientèle, par exemple avec un taux d’alcool plus bas tout en conservant la gamme traditionnelle», indique Adeline Dessinet.

«Nous souhaitons valoriser le terroir et nous en tenir aux valeurs historiques tout en nous diversifiant»
Philippe Berset

Le domaine a déjà modifié son marketing depuis deux ans, surprenant les clients traditionnels avec des visuels ludiques et colorés. «Certains clients ont peut-être eu le sentiment que nous nous coupions de la tradition, mais ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, nous souhaitons valoriser le terroir et nous en tenir aux valeurs historiques tout en nous diversifiant», assure Philippe Berset.

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11