J’ai été choqué quand un site russe a publié une interview de Slava Bykov dans laquelle il déclare son soutien à «l’opération spéciale» russe, et tient d’autres propos autant déplacés que grotesques. J’ai également été choqué de lire votre chronique «Pour la défense d’un ex-attaquant», qui essaie de minimiser ce déraillement.

Aucun mot sur le fait que les «temps tragiques» que vit apparemment la Russie sont entièrement de sa faute, et encore moins de mention que cette même Russie fait vivre à l’Ukraine non seulement des «temps tragiques», mais l’enfer.

En outre, dans cette chronique, on décrit M. Bykov comme si lui-même était la victime dans cette affaire, comme s’il n’était qu’un patriote inoffensif. Certes, il a du bout des lèvres déclaré à La Liberté son opposition à toute guerre, mais comme cette prise de position est survenue seulement après la parution de l’interview accordée au site russe, elle ne peut guère être jugée crédible.

Tous les dictateurs essayent de se présenter comme l’incarnation de leur pays, afin que chaque opposition à leur égard soit perçue comme un manque de patriotisme. Le contraire est vrai.

Les vrais patriotes russes sont ces personnes qui malgré l’oppression brutale du régime de Poutine osent imaginer un autre rôle pour leur pays que celui d’un agresseur, d’un paria international, d’un monstre aux yeux de ses voisins. M. Bykov restera à jamais un joueur de hockey exceptionnel mais, en répétant quasiment mot pour mot le narratif du Kremlin, il semble confondre l’amour de la Russie et la solidarité avec Poutine.

Simon Duennenberger,

Posieux