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Le retour gagnant de Marc Rosset

Marc Rosset, ici en Coupe Davis en 1998, avait remporté le tournoi de Nice 1995 deux mois après s'être fracturé le pied. © KEYSTONE/PETER LAUTH
Marc Rosset, ici en Coupe Davis en 1998, avait remporté le tournoi de Nice 1995 deux mois après s'être fracturé le pied. © KEYSTONE/PETER LAUTH


Publié le 23.04.2020


Le tennis masculin suisse a eu un avant Roger Federer, un avant Stan Wawrinka. Il avait été incarné notamment par Marc Rosset, auteur le 23 avril 1995 d'un étonnant retour sur le devant de la scène.

En ce jour de premier tour des élections présidentielles françaises qui devait offrir un duel entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, le géant genevois cueillait à Nice à 24 ans le dixième titre de sa carrière. Sans doute le plus improbable puisqu'il effectuait sa rentrée lors du tournoi azuréen, deux mois et demi après s'être fracturé le pied au Palexpo face à Jacco Eltingh lors de la rencontre de Coupe Davis perdue par la Suisse face aux Pays-Bas.

En finale, Marc Rosset s'imposait 6-4 6-0 devant Yevgeny Kalfelnikov, alors 4e mondial. Il signait ainsi une cinquième victoire en cinq rencontres face au Russe dont il "adorait" le jeu. "Honnêtement, je ne sais pas si c'est moi qui gagnais nos matches ou si c'est lui qui les perdait, s'amuse Marc Rosset. J'ai le souvenir que je perdais souvent le premier set contre lui, pas lors de cette finale de Nice toutefois, avant de revenir au score. Comme je m'efforçais de ne pas lui donner de rythme, il commençait à déjouer."

Evoquer cet indéniable ascendant qu'il exerçait sur Yevgeny Kafelnikov réveille aussi l'un des plus douloureux souvenirs de sa carrière. Quatorze mois après cette démonstration de Nice, il ne s'en est fallu que d'une victoire pour qu'il défie le Russe en finale de Roland-Garros. Sa défaite face à Michael Stich lors de ce qui fut à l'époque la première demi-finale de l'histoire pour un joueur suisse dans un tournoi du Grand Chelem, bien que sans appel (6-3 6-4 6-2), reste sans doute la plus douloureuse de sa carrière dans la mesure où le match d'après lui était promis.

Le premier double mètre dans le top ten

Moins de trois mois après ce titre à Nice, Marc Rosset devenait le premier joueur de plus de 2 mètres à figurer dans le top 10. Cette accession du Champion olympique de Barcelone 1992 ne devait rien au hasard. Elle récompensait un joueur qui a été capable de remporter des titres sur terre battue, sur dur, sur gazon et en indoor. Un joueur qui a su, malgré l'image qu'il a pu véhiculer tout au long de sa carrière, se donner les moyens d'exploiter tout son potentiel. Sa faculté de couvrir le court acquise grâce au travail physique conduit sous la férule de Pierre Paganini fut l’un de ses atouts maîtres, avec bien sûr son service et son coup droit.

"Gagner un tournoi de rentrée n'est pas courant, explique-t-il. Mais j'étais arrivé à Nice extrêmement motivé après plus de deux mois sans compétition et aussi très armé sur le plan physique. Je m'étais beaucoup entraîné avant le tournoi. J'avais aussi passé beaucoup d temps dans un centre de rééducation à Capbreton dans les Landes. Je n'avais pas cessé de faire des footings en piscine avec une attelle."

A Nice, il avait entamé son tournoi par une victoire 6-4 6-2 devant l'Uruguayen Marcelo Filippini, alors 70e mondial et qui n’était sans doute pas le joueur le moins dangereux pour un premier tour sans aucun repère. Il avait ensuite éliminé l'Espagnol Roberto Carretano (6-4 6-3) et l'Australien Mark Woodforde (7-6 6-3) avant de s'imposer contre Albert Costa (2-6 6-4 6-4), un autre futur Champion de... Roland-Garros, et bien sûr Yevgeny Kafelnikov.

ats

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