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Renvoi des enfants migrants: Vaud ne veut pas d'une suspension

La politique d'asile suisse bafoue trop souvent les droits des enfants, selon les manifestants. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
La politique d'asile suisse bafoue trop souvent les droits des enfants, selon les manifestants. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 20.11.2018


Le Grand Conseil vaudois a écarté mardi une résolution demandant une suspension des renvois forcés des mineurs et de leur famille. En soirée, une centaine de personnes ont manifesté à Lausanne en faveur des droits de l'enfant.

"Nous sommes là pour dire basta. Même si les autorités vaudoises sont sourdes à nos appels", a déclaré une manifestante. "La politique d'asile suisse bafoue trop souvent les droits des enfants. Vaud renvoie avec la force des femmes, des enfants", a-t-elle ajouté.

En cette Journée internationale des droits des enfants, le sujet était aussi à l'agenda du Grand Conseil, au travers de plusieurs interventions parlementaires. Une résolution, demandant une suspension des renvois de mineurs, a suscité un vif débat.

Plus de renvois d'enfants

Jean-Michel Dolivo, député d'Ensemble à Gauche, a dénoncé une recrudescence des renvois d'enfants avec leur famille. Il a évoqué le cas d'une femme refoulée en Grèce en septembre et dont l'enfant de 20 mois, séparé d'elle, n'a cessé de hurler jusqu'à Athènes, "durant cinq heures".

De nombreuses familles vivent dans la crainte d'être les prochaines sur la liste, ce qui a un impact sur la santé et le développement des enfants, a expliqué le député. Dans une résolution, il a demandé la suspension des renvois forcés des familles et des femmes seules avec enfants mineurs dans les pays qui offrent de mauvaises conditions d'accueil, comme l'Italie, la Grèce ou la Hongrie.

Il a mis en avant l'intérêt supérieur de l'enfant, qui est garanti par une convention internationale signée par la Suisse. Socialistes et Verts ont appelé à un geste d'humanité: celui-ci doit primer sur les accords de Dublin, qui prévoient que les requérants soient renvoyés dans le premier pays européen où ils ont été enregistrés.

Pas de faux espoirs

Mais pas question à droite de l'hémicycle: Philippe Jobin (UDC) a défendu le système Dublin qui garantit à chaque requérant une procédure équitable sur le sol européen. Il ne faut pas donner "de faux espoirs à des gens qui n'auront aucune chance à l'étage supérieur", a ajouté François Cardinaux (PLR).

Le conseiller d'Etat Philippe Leuba a défendu "la politique équilibrée" du canton, qui "respecte le droit fédéral, mais aide les retours, chaque fois que cela est possible". Il a refusé de mettre en place une loi purement cantonale, "en dehors du droit fédéral".

Ces personnes n'auraient pas de permis de séjour. Elles seraient dépourvues du droit de travailler et ne pourraient sortir des frontières cantonales risquant d'être arrêtées, a-t-il relevé.

"On ne peut contraindre des gens à vivre durablement dans un système de non-droit qui ne leur donnerait aucune perspective", a ajouté le conseiller d'Etat. La résolution a été rejetée par 70 voix contre 55 et 7 abstentions.

ats

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