Rire, désir et larmes
FIFF • Le Festival de films de Fribourg s’intéresse à la comédie et à l’érotisme, mais aussi à la Syrie et aux Amérindiens.
Eric Steiner
Temps de lecture estimé : 5 minutes
Samedi à midi tapantes, le Rex et Cap’Ciné ouvriront grandes leurs portes à la 29e édition du Festival international de films de Fribourg. Jusqu’au 28 mars, les cinéphiles curieux pourront faire le plein de découvertes parmi 150 films en provenance de 57 pays différents.
Douze longs-métrages se disputeront les faveurs des différents jurys qui auront fort à faire, tant la sélection s’annonce variée et intéressante. Venus de Corée du Sud, de Chine, des Philippines, de Géorgie, du Vietnam, du Mexique, d’Iran, de République dominicaine, du Kazakhstan, du Liban et des Emirats arabes, ils ont pour la plupart déjà été remarqués dans d’autres festivals, à commencer par «Taxi», du cinéaste iranien Jafar Panahi, Ours d’or du dernier Festival de Berlin. Quant à la compétition des courts-métrages, elle témoignera elle aussi de la diversité de la production mondiale émergente, avec 18 pays représentés.
Après les couleurs sombres d’une précédente édition placée sous le signe de la crise et du cinéma-catastrophe, la cuvée 2015 s’annonce nettement plus euphorisante, avec deux sections parallèles consacrées aux comédies et aux films érotiques tels qu’ils s’inventent et se pratiquent aux quatre coins de la planète. Les seize films de la section «Décryptage: Pouvez-vous rire de tout?» promettent leur dose d’humour déjanté, d’ironie acide ou de cocasserie surréaliste tandis que la sélection de films érotiques réunis sous l’étiquette «Cinéma de genre: Terra Erotica I» explorera les différentes manières de mettre en scène le corps et la sexualité de la Chine au Mexique et du Brésil à la Russie, en passant par la Corée du Sud ou l’Argentine.
Carte blanche syrienne
Pour autant, le FIFF, fidèle à sa tradition, n’oublie pas de s’intéresser prioritairement à des films qui témoignent de l’état du monde et des cinématographies à l’écart des circuits commerciaux. Ainsi, cette année, carte blanche a été donnée au réalisateur syrien Ossama Mohammed, auteur du bouleversant «Eau argentée, Syrie autoportrait», qui a réuni une quarantaine de films courts et longs pour raconter l’histoire dramatique de son pays. Et à l’enseigne de «Nouveau territoire: Cinéma indigène nord-américain», on pourra découvrir des films qui témoignent d’une «cinématographie de résistance» qui s’oppose à la représentation hollywoodienne mensongère du Peau-Rouge.
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Une comédie uruguayenne pour l’ouverture
Présenté lors de la soirée d’ouverture, «Mr Kaplan», signé du jeune réalisateur Álvaro Brechner, donne le la d’une édition plus légère que l’année dernière. Pourtant, sur le fond, le sujet de cette comédie uruguayenne ne prête pas forcément à rire. Jacobo Kaplan, septuagénaire ayant quitté seul et très jeune l’Europe à la veille de la Seconde Guerre mondiale, a atteint un stade critique de son existence, cette fameuse heure où l’on tente de faire le bilan. Du coup, lorsqu’il aperçoit un Allemand d’un certain âge déambuler sur les plages de son bled d’adoption, le vieil homme fantasme…
Pour Jacobo, il ne peut s’agir que d’un ancien nazi. Il estime alors que la capture de ce suprême vilain lui assurerait une place méritée dans les manuels d’histoire. Les personnages sont attachants, la mise en scène soignée et le montage bien rythmé. Le cinéaste se permet même quelques clins d’œil et références qui rappellent l’œuvre de David Fincher, la noirceur en moins.
Avant cette comédie à suspense on pourra déguster une délicieuse mise en bouche, «La Bûche de Noël», perle d’humour belge qui s’inscrit dans la série d’animation «Panique Au Village» de Stéphane Aubier et Vincent Patar, réalisée avec des figurines en plastique montées sur socles. C’est du grand n’importe quoi, mais l’inventivité qui est concentrée sur ces 26 minutes en fait un petit chef-d’œuvre. Etienne Rey
> Sa 19 h 30, Cap’Ciné 1 et Rex 1.
> Me 13 h 15, Cap’Ciné 5.
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Repères
Infos pratiques
> Billetterie: centre du festival, Ancienne Gare, 9 h 30-19 h 30 ou aux caisses des cinémas dès 11 h. En ligne sur starticket.ch
> Renseignements: Bureau d’accueil du FIFF, 026 347 42 00
Pages spéciales
> Dès samedi retrouvez l’actualité du FIFF dans le cahier «Magazine» de «La Liberté».
Dossier Internet
> Retrouvez tous les articles autour du FIFF dans le dossier spécial: fiff.laliberte.ch