La Liberté

L’HFR souffre d’hypertension politique

Serge Gumy rédacteur en chef

Publié le 05.05.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Opinion

L’actualité provoque parfois de très opportunes collisions. Mardi, la manifestation du 1er Mai prenait pour bannière et chiffon rouges l’Hôpital fribourgeois. Le même jour, le Conseil d’Etat confirmait Anne-Claude Demierre à la Direction de la santé et des affaires sociales, malgré certaines velléités bourgeoises de la dessaisir du dossier de l’HFR. Deux indices d’une crise politique à deux doigts d’éclater, faute d’avoir été traitée à temps.

Mobilisés, les employés de l’HFR craignent que le gouvernement ne les sorte de la loi sur le personnel de l’Etat (LPers). Un rapport d’audit datant de 2015 mais dévoilé aux médias juste avant la Fête du travail prescrit ce remède de cheval. Les experts mandatés par le conseil d’administration de l’HFR le jugent seul à même de freiner la hausse des charges. Ils soulignent par ailleurs qu’à Fribourg, le salaire moyen est supérieur de 7,9% à celui d’autres établissements similaires.

Réputé cher, le personnel de l’HFR est ainsi le bouc émissaire tout trouvé. Sa situation mériterait toutefois d’être appréhendée dans sa globalité. Or, elle ne cesse de se détériorer en raison, d’une part, du poids croissant du travail administratif, et d’autre part de l’absence de stratégie claire de la part du propriétaire de l’HFR, autrement dit le canton. Cela fait en effet des mois, pour ne pas dire des années, que le Conseil d’Etat doit se déterminer entre deux manières d’aider l’HFR à réduire son déficit chronique: sortir son personnel de la LPers ou augmenter sa contribution financière au nom des prestations d’intérêt général.

Le premier choix est politiquement risqué. Les ministres le savent qui, en 2016, se déclaraient tous – sauf Maurice Ropraz – favorables au statu quo. Mais à la faveur de l’élection du libéral-radical Didier Castella, une partie du camp bourgeois a été tentée de forcer la décision, quitte à écarter la socialiste Anne-Claude Demierre de la Santé pour la remplacer par son camarade socialiste Jean-François Steiert. Sans doute la Gruérienne aurait-elle démissionné si la menace avait été mise à exécution.

A sa décharge, cumuler les rôles de ministre de tutelle et de vice-présidente du conseil d’administration de l’HFR s’avère intenable. Là aussi, il faudra choisir. Mme Demierre aurait tort pourtant de se poser uniquement en victime: si le Conseil d’Etat n’a toujours pas tranché, c’est aussi parce qu’elle a joué la montre pour éviter d’ouvrir ce dossier explosif avant les dernières élections cantonales. De leur côté, ses collègues pestaient en silence mais savaient qu’ils avaient eux aussi beaucoup à perdre à lui forcer la main. Et l’on retrouve les faiblesses du Conseil d’Etat actuel, où chacun s’occupe d’abord de ses affaires.

Mettre la tête dans le sable n’enlève cependant rien à l’urgence des décisions à prendre. L’HFR frôle désormais la crise d’hypertension politique, et la tentation se fait jour d’une chirurgie de guerre. Au vu de l’importance de l’enjeu, doigté et hauteur de vue stratégique seraient mieux indiqués.

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