Avec l'émergence d'Internet, les collectionneurs ont vu leur vie facilitée : plus besoin de garder une trace de leurs pépites à la main dans de lourds classeurs fédéraux, plus besoin de s'abonner à des revues spécialisées pour se tenir à l'affût de bonnes affaires proposées par un Australien lassé de ses 10'000 timbres. La toile permit à des personnes venues des quatre coins du monde, intéressées par le même sujet, de se réunir virtuellement, d'échanger, de se donner des recommandations et d'amirer leurs collections mutuelles en quelques clics. Ainsi ont vu le jour les applications de catalogage social, un terme barbare qui ne saurait être mieux expliciter que par les exemples donnés dans notre sélection ci-dessous.

 

1. Le Goliath francophone du catalogage : Sens Critique

Sens Critique est sans doute le plus gros site francophone du genre. Comptant plus d'un demi-million de comptes enregistrés (mars 2016), dont plus de 120'000 utilisateurs actifs, la plate-forme fondée en 2011 peut se targuer d'un succès fulgurant. Celui-ci s'est construit autour de l'énorme catalogue consultable, réunissant films, séries, livres, bandes-dessinées, jeux vidéo et albums de musique, que le premier venu peut enrichir s'il repère un absent. Les utilisateurs peuvent tenir à jour leurs différentes collections, noter les oeuvres qui les constituent ou en fournir une critique, répertorier celles qu'ils désirent acquérir, ou former des listes basées sur des critères en tout genre, p. ex. "Mes films de guerre préférés". Incontournable pour sa popularité et sa prise en main facile, Sens Critique a peut-être pour seul défaut son étallage à des formats bien différents, incitant certains passionnés à se tourner vers des plate-formes plus petites, mais plus spécifiques.
> www.senscritique.com

2. La dyarchie des cinéphiles : AlloCiné et l'Internet Movie Database

Il y a fort à parier que vous ayez déjà eu affaire à l'un de ces deux géants en tapant le nom d'un long-métrage sur Google, tant ces deux sites s'avèrent précieux en informations dans les méandres de leurs gigantesques bases de données. Tous deux permettent aux utilisateurs de noter les films appréciés et de relever ceux dont le visionnage est prévu. Les deux sites affichent, pour chaque film, deux résultats, l'un calculé à partir de la moyenne des notes attribuées par les utilisateurs du site tandis que le deuxième est calculé à partir des avis de la presse. Si AlloCiné a l'avantage d'être entièrement francophone, IMDB, de son côté, brille par sa complétude étourdissante. On relèvera également sur ce dernier une publicité moins invasive, bien que ça ne suffise probablement pas à attirer les plus anglophobes des cinéphiles.
> www.allocine.fr / www.imdb.com

3. Là où vont les mélomanes : Discogs

Bien qu'on puisse également afficher ses coups de coeur musicaux sur Sens Critique, celui-ci ne permet pas de faire la différence entre les différents tirages d'un album, empêchant, par exemple, d'évaluer la valeur de telle ou telle édition. C'est là que Discogs s'impose comme référence pour les collectionneurs amateurs de musique, puisque pour chaque album ou disque, il répertorie les différentes versions en circulation, faisant la distinction entre les éditions japonaises, européennes et américaines, ou entre les réimpressions subies par le disque au cours des années, tout ceci à partir de légères variations de coloris sur la pochette ou de codes-barres différents. Base de données précieuses où il est possible de répertorier sa collection de vinyles avec précision, Discogs sert également d'Ebay de la musique ; l'historique des prix donne une indication assez juste de la cote de telle ou telle pièce de sa collection. Difficile de faire mieux dans le domaine!
> www.discogs.com

4. Rien ne vaut un bon bouquin : Babelio

En plus des fonctionnalités habituelles - notation, critique, profil personnel, etc. - Babelio se démarque par les différentes mentions qu'on peut ajouter aux oeuvres de sa collection. Aux traditionnels "Lu" et "À lire", le second correspondant à l'inévitable "wishlist" des différents cites du genre, s'ajoutent "En cours", "Pense-bête" et "Abandonné". De surcroît, il est possible d'y accoler les étiquettes "À échanger" ou "Emprunté". Terminé les ouvrages à l'origine mystérieuse prenant la poussière en haut d'une bibliothèque en attendant que son propriétaire perdu de vue revienne le réclamer! Si Babelio, comme Discogs pour les disques, fait la différence entre les différentes éditions, il ne se montre pas assez exhaustif pour satisfaire les bibliomanes les plus pointilleux. Toutefois il satisfera aisément ceux qui s'intéressent davantage au contenu d'un récit qu'à sa cote sur Ebay.
> www.babelio.com

5. Si Tintin est ton meilleur ami : BDGest' (si c'est Batman : Comic Book Database)

Les amateurs de bandes-dessinées, eux, se retrouvent sur BDGest' pour gérer leur collection. Encore une fois, de nombreuses fonctionnalités sont partagées avec les exemples précédents - collection, liste de souhaits, base de données participative, etc. - mais on soulignera la particularité de BDGest' d'avoir mis au point une application mobile facilitant la gestion de la collection, permettant, par exemple, d'y ajouter un album en en scannant simplement le code-barres. Comme Discogs, le site affiche des pages différentes pour chaque réimpression d'un ouvrage particulier, au risque de se perdre parfois dans les mille et une rééditions d'une oeuvre populaire. Si BDGest' aspire à attirer également les amateurs de bandes-dessinées étrangères, proposant même des fiches pour des ouvrages publiés dans une langue étrangère, les amateurs de comics préféreront en général se retrouver sur le très exhaustif et très austère Comic Book Database.
> www.bdgest.com / www.comicbookdb.com

6. Ah, ces longues soirées Scrabble

Les amateurs de jeux de société ont eux aussi droit à leur propre point de rendez-vous. Il s'agit de Tric Trac, qui divise la collection des utilisateurs entre les jeux possédés et ceux seulement essayés, au détour d'un après-midi. Le reste des fonctionnalités est assez classique, mis en valeur par une interface intuitive. Grâce aux passionnés qui font vivre le site, l'exhaustivité de sa base de données est impressionnante et on sera surpris d'y retrouver la référence de vieux jeux de plateau d'une génération précédente, d'un éditeur aujourd'hui disparu. Le site est également précieux pour les vidéos que son staff propose, permettant d'avoir un aperçu en profondeur d'une nouveauté, avec plus d'objectivité qu'une publicité.
> www.trictrac.net

7. Pour les accrocs de la souris et de la manette

Tellement incontournable pour les mordus accomplis comme pour les gamers débutants qu'on a l'impression d'énoncer une évidence, JeuxVideo.com peut s'estimer fier de sa base de données énorme, de sa communauté active et engagée, ainsi que du lourd travail de couverture de l'actualité vidéoludique abattu chaque jour. Toutefois, par rapport aux autres exemples donnés ici, le site ne propose pas de réelle gestion de sa collection de jeux vidéo, l'équivalent le plus proche du geste "d'ajouter une oeuvre à sa collection" revenant à lui attribuer une note. N'empêche, en couplant un catalogue précieux et une communauté aussi passionnée, il n'était pas possible de ne pas le mentionner dans cette sélection.
> www.jeuxvideo.com

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Il reste enfin de nombreux sites attirant des passionnés d'un type moins commun. On en trouve pour les collectionneurs de timbres, pour les amateurs de cuisine, pour ceux qui n'ont jamais abandonné les dessins animés, etc. En considérant le succès des sites listés ici, il semble qu'Internet ait été salvateur pour bien des collectionneurs, stimulant leur enthousiasme à amasser les pépites et facilitant les acquisitions. Échanger avec des passionnés partageant le même dada à l'autre bout de la France, ou de la planète, n'aura jamais été aussi facile.