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Balai au placard, épée au poing

Page Jeunes - Dessins animés • Elle est loin, l’époque où Cendrillon balayait le sol en chantant. Raiponce ou Elsa font aujourd’hui la loi. Le point sur l’évolution des princesses Disney.

Dans le film du même nom, Raiponce, l’héroïne aux cheveux interminables, apparaît munie d’une poêle à frire avec laquelle elle assomme ses ennemis. © Walt Disney Studios Motion Pictures
Dans le film du même nom, Raiponce, l’héroïne aux cheveux interminables, apparaît munie d’une poêle à frire avec laquelle elle assomme ses ennemis. © Walt Disney Studios Motion Pictures
Le temps où Blanche-Neige tenait le rôle de femme au foyer semble bel et bien être révolu. © Disney/DR
Le temps où Blanche-Neige tenait le rôle de femme au foyer semble bel et bien être révolu. © Disney/DR

Lise-Marie Piller

Publié le 02.10.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Dans les films actuels, les princesses ne sont plus des damoiselles en détresse; elles se sauvent souvent elles-mêmes et secourent parfois même des hommes. Ce sont des jeunes femmes fortes, qui possèdent un caractère complexe», explique Aurélie Morard, qui a consacré son travail de master à l’évolution du genre dans les films Walt Disney. La Fribourgeoise cite l’exemple de Raiponce, l’héroïne aux cheveux interminables. Dans le film du même nom, elle apparaît munie d’une poêle à frire avec laquelle elle assomme ses ennemis. Un symbole fort: dépouillé de sa fonction première, l’ustensile devient une arme de combat.

«Raiponce se libère du motif de la jolie petite princesse prisonnière de sa tour d’ivoire», approuve Didier Maillat, directeur du mémoire d’Aurélie à l’Université de Fribourg. Et le professeur de linguistique anglaise d’ajouter: «Un prince va aujourd’hui complimenter l’héroïne sur son apparence mais aussi sur son intelligence ou sa capacité à vaincre un ennemi.»

Pour mieux comprendre cette évolution princière fulgurante, on peut se référer au genre. Comme l’explique Caroline Henchoz, enseignante en sciences sociales à l’Université de Fribourg: «Il s’agit d’étudier la manière dont les héros expriment leur masculinité ou leur féminité.» Elle précise: «Certaines représentations comme la jeunesse et la beauté des princesses restent traditionnelles tandis que d’autres changent, à l’instar de l’indépendance.»

Ainsi, ce sont les clichés modelant le genre qui ont évolué. Ils ont reflété l’image de la femme au gré du temps, comme en témoigne le premier long-métrage animé, «Blanche-Neige». On y voit une princesse qui tient un rôle de femme au foyer, ce qui correspond au cliché des années 30, ainsi que le confirme Aurélie Morard.

La Petite Sirène, un déclic

Les années 1990, entraînées par le tourbillon de Mai 68, marquent un tournant. On assiste à l’avènement d’Ariel ou de Jasmine qui désobéissent à leur père pour imposer leur volonté. Viennent enfin les films contemporains comme «La Reine des Neiges». «L’intrigue tourne autour de deux sœurs et non autour de la traditionnelle histoire d’amour. On remarque que la première sœur, Elsa, n’a pas besoin d’homme pour s’épanouir. La deuxième, Anna, innove également: elle tombe amoureuse d’un beau prince mais celui-ci se révèle être le «méchant», commente Aurélie. On note aussi que le scénario est plus réaliste que celui des anciens films Walt Disney car «dans la vraie vie, il est rare d’aimer une personne sans véritablement la connaître, et encore plus de l’épouser après trois jours!», selon la jeune femme.

Modèles des enfants, les héros leur apprennent à agir en fonction de leur genre. Chaque film étant le miroir d’une époque, la différence est grande entre le public actuel et les adultes qui ont visionné des Walt Disney durant leur enfance. Une amatrice de dessins animés, Elodie, 26 ans, se souvient avoir adoré Cendrillon car «l’héroïne trouvait son prince charmant et accomplissait un mariage magnifique». Avant de rajouter: «Par contre ma petite sœur est fan d’Elsa et m’a dit ne pas vouloir tomber amoureuse car elle trouve ça «nul». D’autres petites filles n’ont pour leur part rien contre les princes charmants mais préfèrent les films actuels car «il y a plus d’action». Ainsi, malgré les clichés, chacun interprète les dessins animés à sa manière.

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