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Narcisstick avec sa perche à selfie

Page Jeunes - C'est tendance • Les selfies sticks envahissent le globe depuis quelques mois. Mais cet outil à autoportrait est aussi devenu l’objet de controverses. Portrait d’une perche qui fait beaucoup parler d’elle.

Le selfie stick: canal d’interaction ou summum de l’égocentrisme? © Juliane Butty
Le selfie stick: canal d’interaction ou summum de l’égocentrisme? © Juliane Butty

Juliane Butty

Publié le 04.09.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Des grands événements mondains aux fêtes d’anniversaires entre potes en passant par les hauts lieux touristiques, il pointe le bout de sa perche partout. Formé d’une longue tige métallique surplombée par une sorte de cadre permettant d’y fixer son smartphone, le «selfie stick» permet de se prendre en photo seul ou en groupe. L’invention consacre une fois de plus l’usage du selfie, soit de l’autoportrait.

Ses ambassadeurs prônent ses atouts incroyables: l’appareil permet un angle de vue plus large mettant fin au casse-tête du cadrage et aux distorsions de coude engendrées par la prise de clichés au moyen du simple bras du photographe. L’outil permet aussi un véritable gain d’effort: l’époque du sprint suivant le déclenchement du retardateur pour arriver à temps sur la photo est définitivement révolue. Mieux encore, on peut choisir son meilleur profil… voire se repasser un coup d’eye-liner si nécessaire.

Mais le selfie stick est loin de faire l’unanimité. Beaucoup dénoncent l’apogée du narcissisme engendré par cette nouvelle mode. Ainsi, certains festivals ont même décidé de bannir le joujou et les détenteurs de ces vecteurs de la «self obsession» sont jugés ridicules. Mais se prendre en photo, est-ce forcément un acte d’égocentrisme exagéré? Le sociologue français Pierre Bourdieu estime que pour la majorité des selfies ce n’est pas la dimension esthétique qui compte mais la communication des aventures de celui qui les immortalise. L’image correspond à un message visuel. Ainsi, user de son «selfie stick» pour immortaliser la victoire de son équipe de volley ou prendre un cliché de soi devant le pont des Soupirs à Venise afin de l’envoyer à ses parents pourrait ne pas être un acte obsessionnel.

Narcisstick ou pas, la perche à autoportrait agirait comme un canal de communication et d’interaction. Mais si l’argument est le renforcement du dialogue et des liens sociaux entre les individus, ne serait-il pas plus judicieux, pour celui qui veut s’immortaliser, de demander l’aide d’une tierce personne dans la rue? Pas pour les amateurs du selfie stick. Car ils l’ont bien compris: pas sûr que le photographe improvisé ait la patience de mitrailler jusqu’à ce qu’il leur tire le portrait le plus avantageux…

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