La Liberté

Lou et Vitus

«Le mauvais féminisme c’est, par exemple, celui de cette pintade de Lou Doillon qui a eu le culot, un jour, de poser nue...» © DR
«Le mauvais féminisme c’est, par exemple, celui de cette pintade de Lou Doillon qui a eu le culot, un jour, de poser nue...» © DR

Florence Hügi

Publié le 12.08.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Alors, ces vacances? Ramolli sur la plage ou fondant au bureau, chacun et chacune a pu découvrir des trucs passablement exotiques. Par exemple, qu’il est bien plus épouvantable de descendre un lion dans la savane que de lancer un appel au meurtre des homosexuels. D’un côté, la planète s’enflamme, de l’autre, la Conférence des évêques roupille. Dépaysant. Nous avons aussi découvert qu’il y a, comme en son temps les bons et les mauvais chasseurs, un bon et un mauvais féminisme. Rafraîchissant. Le bon féminisme, ce sont celles qui se battent corps et ongles (qu’elles n’ont évidemment pas - notez, ceci est une remarque ouvertement sexiste) depuis des années pour la cause, qui sacrifient chaque parcelle de leur souffle à cette mission. Celles qui SAVENT.

Le mauvais féminisme c’est, par exemple, celui de cette pintade de Lou Doillon qui a eu le culot, un jour, de poser nue et qui, alors qu’elle porte encore les stigmates de cet acte dégradant, s’autorise à lancer un regard critique sur l’industrie des chanteuses idolâtrées par les gamines. Celles qui ne SAVENT pas. C’est que la vilaine a eu l’outrecuidance de lâcher que le trémoussement des fesses de Nicki Minaj (c’est qui celle-ci, d’abord? - notez, ceci est une remarque sciemment «lutte des classes») devant des foules d’ados est une preuve du glissement vers la soumission et l’exploitation des corps féminins que vit notre époque. Que ça n’a rien de cool de voir Rihanna faire la chienne à poil dans sa douche en appelant son mâle devant des écolières en pâmoison. Que le sexisme gagne du terrain, si tant est qu’il en avait cédé un jour. Que le glissement a bel et bien lieu. Ce à quoi le bon féminisme a répliqué, par la bouche de doctes brebis, qu’il s’agissait du sacro-saint «droit de disposer librement de son corps» et que, donc, il n’y avait aucun mal à ça. Et que de toute façon, aujourd’hui, le féminisme c’est «faire ce qu’on veut».

Faire ce qu’on veut, si on comprend bien celles qui savent, c’est dire ce qu’on veut, non? Lou Doillon ne se ferait alors pas exploser la gueule pour avoir dit que ce qui se passe dans les cours d’écoles est inquiétant. Mais non. La planète féministe, constituée de multiples chapelles, n’a pas cette pudeur. Tiens, ça nous rappelle cette remarque de Nancy Huston, elle aussi torpillée pour avoir viré essentialiste: «Les filles ont un désir inné de plaire (c’est là que le bât blesse) mais l’imposition du rose Barbie et des rôles de princesses en a fait une addiction.»

Tiens, en parlant de rose, pendant ce temps, Pink Cross dépose plainte contre cet imbécile de Huonder. Heureusement que le débat d’idées accouche de temps à autre d’actes concrets. Ah, pardon. Ça, ce n’est pas du féminisme.

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